(Mise à jour du 1/12/16 )
Thibaut BINARD (29/11/1980 - 16/09/2005)

 

Voici la structure du site

Textes lus lors des funérailles de Thibaut

Dernier adieu

Chant final « La Quête » de Jacques Brel

Cette partie du site est toujours en construction !!!

Biographie sommaire

Bibliographie

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Texte de Liliane Wouters (Extrait de « Oscarine et les Tournesols ») lu par Éric de Beukelaer

C'est le premier jour de son grand voyage,
Il ouvre les yeux dans un autre univers,
Il a fait le tour de tous nos mirages,
Il voit bien mieux le monde à l'envers,
Il a perdu corps, c'est pour prendre espace
Il a trouvé mort mais vit Dieu sait où,
Adieu faux décors, l'esprit cherche place
Dans le désaccord de ce qui fut nous.

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Texte de Thibaut (Extrait de « Diagonal Doce ») lu par Brigitte Binard

 

Toute histoire d'amour est histoire de découpage. Les ciseaux crochètent l'air et taillent le cylindre brut. On pose ses crampons aux endroits les plus propices, ce qui ne veut pas dire n'importe quel endroit, et les burins travaillent pour affûter la pente : passer avec un lasso les épines rocheuses peut se révéler un exercice amusant, ne pas négliger le paramètre de l'incertitude, quelques anfractuosités inexplorées sont requises. Par contre, des câbles doivent se tendre fermement et joindre des repères renforcés en acier, pas de mou, pas de mou, que les choses soient claires : l'échafaudage se doit d'être soutenu par des filins inébranlables. A côté de cet impératif, le matériau de certaines régions se révélera peut-être trop résistant ; ne vous obstinez pas à frapper sans relâche, rayer la dimension spatiale de votre esprit vous rendrait fou et faire semblant d'oublier ces zones d'ombres ne ferait que reporter le problème, songez plutôt à peindre, enduisez la surface récalcitrante d'azur ou de turquoise, une couleur qui fait du bien, la turquoise, et ainsi, camouflez, recouvrez, mimez, votre futur n'y verra que du feu. Les ailes de la cocotte en papier tremblent déjà imperceptiblement. Une vie avec des surprises et de l'humour est une vie réussie : ne manquez pas de disperser sur votre structure volumineuse quelques peaux de bananes, coussins qui font péter et autres ustensiles marrants, à nouveau des bons points de pris pour le futur idyllique vers lequel vous voguerez sur un radeau conjugal porté par la brise des meilleures dispositions.

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Texte de Gabriel Ringlet, (Extrait d'«Un peu de mort sur le visage ») lu par Olivier Ykman

Aimez-vous. Aimez-moi.
Si vous m'aimez, laissez moi m'échapper.
Si vous aimez vos proches, laissez les s'écarter.
Si vous aimez vos petits, laissez les s'élever.
Si vous aimez vos défunts, laissez les s'en aller.

Aimez vous.
L'éloignement n'empêche pas la proximité.
L'absence ne supprime pas la présence.
L'écart n'interdit pas l'alliance.
La solitude ne rejette pas la solidarité.

Aimez vous.
Le silence n'interrompt pas la parole.
L'ombre n'éteint pas la lumière.

Aimez vous les uns les autres.
Allégez vous les uns les autres.
Inventez vous les uns les autres.
Elevez vous. Grandissez vous.

Aimez vous, c'est tout neuf.
Aimez vous, et vous donnerez du fruit.
Aimez vous, et vous goûterez la paix.
Aimez vous, et vous mourrez la mort.
Aimez vous, et vous vivrez la vie.

Aimez vous,
Et ma joie viendra vous caresser.
Et cette joie, je vous le dis,
Personne ne pourra vous l'ôter.

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Homélie prononcée par Éric de Beukelaer

Malheureusement, Eric n'a pas de texte, il avait quelques notes et puis il a laissé parler son émotion ...

 

Intention de Pierre Wéra, grand-oncle de Thibaut, lue par sa fille Agnès

Thibaut, nous t'avons connu adolescent joyeux, mais se posant beaucoup de questions, tu n'as pas voulu suivre la voie facile, tu attendais peut-être trop de la vie…

Maintenant, tu as rejoins le Christ dans sa solitude et son agonie, mais aussi dans la puissance de sa résurrection.

Prions pour les angoisses, les doutes et jusqu'à nos remords viennent s'abîmer dans la prodigieuse compassion de « Dieu Amour » !

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Intention d'Isabelle Surdej lue par Aline de Marneffe

Tout ce que je vais dire j'aurais voulu te le dire. Ça fait trop longtemps et je ne t'ai jamais dit comme je t'aimais. Je t'appelais PucoLindo, P'tit Beau, et tu resteras pour toujours un petit Prince, un petit prince rêveur ... Tu as laissé tellement de choses derrière toi … tu m'as bouleversée quand je t'ai rencontré, tu m'as tellement donné envie de vivre, sans limites, sans toutes ces choses superflues qui tracassent les hommes.

Tous ces rêves que tu avais et que tu partageais, je ne peux pas les abandonner, c'était ton essence. J'ai toujours gardé cette carte du Chili que tu m'as donnée, elle est toujours dans mon portefeuille depuis... mais j'irai avec toi. Tu m'as appris à rêver sans limites, au-delà des hommes, tu m'as donné envie de vivre … à ta manière intelligente et sensible. Toutes les conneries que j'ai faites c'était avec toi, et je ne sais pas où tu pouvais t'arrêter. Tu me faisais peur parfois, et je n'ai pas pu te suivre partout.

Je ne peux pas te laisser partir. Ton souvenir en moi vivra et les rêves vivront, je t'emmènerai au Chili, je continuerai de rêver avec toi ...

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Dernier adieu

Texte de Thibaut (Septembre 2005) à Adriana lu par François Delvaux

 

Le soleil a léché tes yeux
Il les a attisés
Il leur a donné faim
Et une rangée de coquillages,
Comme un croissant dans la lune de tes lèvres,
Attend de s'ouvrir pour manger à son tour.
Quand ils sont vraiment invisibles,
Chacun raconte avec sa petite langue où il a échoué,
Le secret de tes longs cheveux noirs et bleus où le réel se cisaille
Celui de ton visage dont mon amour cherche très lentement la formule,
Le palmier busqué de ton dos, ta taille en os de poulet cuit et mariné pendant des générations.
Tout cela, les coquillages le disent avec naïveté et ferveur.
Restent les coquilles.
Tu as marché dessus en arrivant ici et pour être un peu plus, un peu mieux,
Je te suis et je suis ce fil de leurs fragments disséminés.

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Virginie Binard

Le texte de Virginie est disponible pour la famille et les amis.
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Anne-Sophie Binard

 

Le texte d'Anne-Sophie est disponible pour la famille et les amis.
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Frédéric Saenen

Et voici l'orbe accompli
Et les dates clouées
Et les souvenirs vissés un à un autour d'un nom
Et le destin chevillé à une réponse inadmissible
Mais proférée quand même

Et voici la colère qui ne franchira pas
Et la prière qu'on ne sait par quel bout prendre
Et la démarche saccadée du frêle bonhomme timidité
Du si fragile jeune homme malaise
Qui me répétait inlassablement « c'est la merde Fred c'est la merde »
Et que je m'entêtais à vouloir détromper
A vouloir persuader du contraire
Et voici tous ces pollens qu'on prend à la légère
Qui reviennent comme une tonne peser sur chaque millimètre de la peau qu'on occupe Et voici tout autour le réel

L'indécence du réel avec quoi il faut composer
Et cette pression d'être
Et cette colique d'être
Et cette nécessité d'être
Et cette urgence d'être
Martelée de toute part
Voici les palabres du monde, l'âge venu du CQFD
Et le complot de ces marathoniens de l'aptitude, de la performance, du gain
Et ta pureté entretenue comme un feu bleue
Dans une société faite pour décevoir
Parce qu'elle ne vous demande rien d'autre que de produire un CV bien propre

Et voici la candeur menée de front
Et la poésie aussitôt dite aussitôt ravalée
Et les danses inscrites sans plus de révision possible
Et les cicatrices dont je ne saurai rien
Voici autant de mystères qui volent en éclat
Minuscules tessons équitablement distribués à une dernière cène in abstentia
Voici des mégots et des volutes pour seul héritage

Et voici l'échec et mat que tu m'as cette fois joué en un coup
Ta voix sapée ta voix prise au collet
Voici ta voix transfuge passée dans le camp des échos
Et l'air tantôt frais tantôt glacé de nos moments privilégiés et de nos guillemets
Quelques bulles de bons mots et de sourires en dessous
Laissés en pâtures aux meules du temps

Et voici d'une amitié amputée le membre le plus douloureusement invisible
La silhouette d'un enfant frémissant et fantomatique
Qui s'excusait presque de fondre
Là où il était persuadé que tant d'autres trouvaient leur idéal de confort

Et voici tout serré dans sa veste
Comme pris d'un galop nerveux
Un rêve éveillé qui nous tourne le dos
Et retourne à sa source

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Isabelle Lejeune

Thibaut est l'un des fils d'un tissu appelé famille.
Il est ce petit enfant que je tiens par la main au milieu de vastes prairies,
Ce neveu inconnu qui grandit au Maroc,
Un gamin en vacances à la campagne chez l'oncle Luc,
Puis un adolescent dont je ne sais rien ;
Enfin Thibaut est ce jeune homme revenu un week-end à la campagne chez ses cousins.
Il est le fil d'un tissu malmené, troué.
Il est le fil par lequel d'autres fils peuvent se nouer.

Il a écrit ceci :

« Enfin, le ciel se fit mauve et la mâchoire d'un tigre se dessina dans sa profondeur. Au fond de la dentition acérée, il lui sembla apercevoir, haut, très haut, le point d'où la pluie sortait. La pluie et le nid vacillant de ces éclairs. Sur son visage, l'eau dégoulinait. Pour chasser les cheveux de son front, il voulut y porter la main. Elle était devenue calcaire. C'était donc possible. Il se rendit compte qu'il avait même oublié de respirer une dernière fois.

Il se calfeutra dans l'épiderme de la roche, précautionneusement. Il s'accommoda tout entier de ce sommier rudimentaire. C'était pour toujours. C'était pour de bon. »

Diagonal Cinco

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Maud Finné (Texte de Bertolt Brecht)

Par les pâles étés, lorsque là-haut les vents
Rien que dans le feuillage des grands arbres bruissent,
Il faut être couché dans les étangs, les fleuves
Comme les végétaux où les brochets demeurent.
Le corps dans l'eau devient léger. Lorsque le bras
Tombe légèrement dans le ciel hors de l'eau,
Comme oublieusement le petit vent le berce
Car sans doute il le prend pour un branchage brun.

Le ciel offre à midi un immense repos.
Fermez les yeux lorsque viennent les hirondelles.
La vase est chaude et quand montent les bulles fraîches
On sait: à travers nous un poisson a passé.
Mon corps, le bras, la cuisse qui repose, on est
Couché tranquillement dans l'eau, fondu en un.
Seulement quand les poissons frais passent sur nous
Je sens: le soleil brille au-dessus de la mare.

Quand vers le soir d'avoir été longtemps couché
On est si mou que tous les membres vous font mal,
Il faut, avec un floc, balancer tout cela
Sans égards, dans les fleuves bleus au fort courant.
Le mieux est jusque vers le soir de demeurer,
Car vient alors le soleil pâle au teint de squale,
Méchant, glouton, sur le fleuve et sur les buissons
Et sont les choses comme alors ça leur convient.

Il faut être bien sûr allongé sur le dos
Ainsi que d'habitude et se laisser porter.
Il ne faut pas nager, non, faire comme si
On était simplement de ces rocs dans le fleuve,
Regarder vers le ciel et se comporter comme
Un que porte une femme, et c'est tout à fait ça.
tout à fait sans bouger comme fait le bon Dieu
Quand vers le soir encore il flotte dans se fleuves.

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Dominique Philippart de Foy

 

 

 

Notre Thibaut, c'est, bien sûr, notre Professeur Tournesol, éternel distrait, source inépuisable d'anecdotes qui nous rendent le sourire dans notre tristesse.

Thibaut,
Avant tout, Thibaut, c'était un poète …. C'est un poète car il ne tient qu'à nous de le garder immortel en lisant, relisant ses textes.
Thibaut nous les a légués ses textes exigeants, tourmentés mais aussi ses croquis vifs, incisifs et réservés.
Réservé, Thibaut est un poète trop anxieux de faire mal. Sans doute, a-t-il appliqué respectueusement les trop sages consignes de Don Quichotte à un jeune poète que je lui ai prodiguées pour tempérer ses alexandrins dévastateurs, ses caricatures impitoyables de professeurs qui avaient l'heur de lui déplaire. Mais avait-il besoin d'un don Quichotte à ses côtés ? Ses propres rêves lui suffisaient amplement. Un Sancho Panza, un modeste Sancho lui aurait donné ce conseil avisé : « Hélas ! Ne mourez pas, monsieur, suivez plutôt mon conseil et vivez encore longtemps, parce que la plus grande folie que puisse faire un homme dans cette vie, c'est de se laisser mourir, tout bêtement, sans que personne ne le tue, et sans que d'autres mains que celles de la mélancolie ne l'achèvent ».
Thibaut souffrait de ne pas pouvoir communiquer ce qu'il s'interdisait lui-même de penser. Intransigeant avec lui-même, il ne supportait ni la méchanceté, ni la médiocrité ambiante.
Thibaut, non pas adieu mais au revoir. Tes mots, nous pouvons à jamais les entendre dans le silence.
Le plus bel hommage que nous pouvons te rendre, c'est le silence. Le silence du lecteur méditant dans sa bibliothèque.

Au revoir.

Thibaut a posé un choix d'adulte. Je le respecte. Je le regrette aussi.
Pour nous les « anciens », les choix des jeunes que nous avons accompagnés ne sont pas toujours faciles à accepter : choix d'études, de professions, affectifs et autres. Thibaut a exercé sa Liberté ; nous n'avons pas à le juger.

Thibaut m'a fait vivre les moments les plus intenses de mon existence : j'ai souffert avec lui et sa famille, j'ai espéré, je me suis réjoui. Espoir et angoisse. Colères. Joie et bonheur. Toutes ses émotions m'ont embrasé. Aujourd'hui, il m'a fait découvrir une tristesse abyssale, une douleur comme jamais je n'aurais cru qu'elle soit possible. Grâce à lui, mon cœur s'est enrichi de toutes ces expériences. Comme « Blaireau », il m'a laissé des souvenirs et des expériences, toujours à ma disposition, qui me rendront le sourire … et des larmes, douces-amères comme celles du fado.

Thibaut m'a aussi fait cadeau d'une famille plus proche, sensible à mes émotions. Je l'en remercie.

Thibaut m'a ouvert à sa famille, ses parents et ses sœurs. Ils sont devenus plus que mes amis, une famille élargie. Je l'en remercie.

Thibaut nous a laissé ses écrits. A défaut de sa présence physique, il nous a laissé sa présence spirituelle.

Pour tous ces cadeaux, je l'en remercie … et sans doute il m'entend.

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Chant final « La Quête » de Jacques Brel

 

 

 

 

 

 

 

Rêver un impossible rêve
Porter le chagrin des départs
Brûler d'une possible fièvre
Partir où personne ne part

Aimer jusqu'à la déchirure
Aimer, même trop, même mal,
Tenter, sans force et sans armure,
D'atteindre l'inaccessible étoile

Telle est ma quête,
Suivre l'étoile
Peu m'importent mes chances
Peu m'importe le temps
Ou ma désespérance
Et puis lutter toujours
Sans questions ni repos
Se damner
Pour l'or d'un mot d'amour
Je ne sais si je serai ce héros
Mais mon cœur serait tranquille
Et les villes s'éclabousseraient de bleu
Parce qu'un malheureux

Brûle encore, bien qu'ayant tout brûlé
Brûle encore, même trop, même mal
Pour atteindre à s'en écarteler
Pour atteindre l'inaccessible étoile.

 

 

Biographie sommaire

 

Pour ces deux derniers points du site, nous demandons de l'aide aux amis de Thibaut car nous sommes conscients qu'il y a beaucoup de lacunes.
Pourriez-vous envoyer vos contributions et remarques à l'adresse marc@binard.be.
Merci

Anne-Sophie et Thibaut dans le jardin de la rue de Tanger à Taza

Arrivé au col du Somport avec Claude (frère de Dominique)

 

 


Hanna (D), Mathilde (F) et Thibaut (B)

 

 

Cannon-Hill road, 68

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Bibliographie

Ses poèmes ont paru :